Mali : La transition politique secouée par le limogeage de Choguel Maïga et l’arrivée d’un nouveau gouvernement
Le Mali, en transition depuis le coup d’État de 2020, traverse une nouvelle phase politique avec le limogeage de son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga par le président de la transition, Assimi Goïta. Cet événement, annoncé le 20 novembre 2024, a été suivi par la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le général de division Abdoulaye Maïga, une figure militaire influente. Ce remaniement, perçu comme une consolidation du pouvoir par la junte, suscite des interrogations sur les perspectives politiques et institutionnelles du pays.
Les raisons du limogeage de Choguel Maïga
Choguel Maïga, qui occupait la Primature depuis juin 2021, a vu sa relation avec les autorités militaires se détériorer ces derniers mois. Lors d’un discours tenu le 16 novembre, il a critiqué la gestion unilatérale de la transition par la junte, notamment le report des élections prévues pour mars 2024. Il a dénoncé une prise de décision « sans débat au sein du gouvernement », exacerbant les tensions déjà présentes
Ce discours, qualifié de « virulent » par plusieurs observateurs, a rapidement scellé son sort. En effet, certains partisans de la junte avaient longtemps appelé à son départ, accusant l’ancien Premier ministre de saboter l’unité gouvernementale.
Un nouveau gouvernement militaire
En remplacement, le général de division Abdoulaye Maïga a été nommé Premier ministre. Figure clé de la transition, il avait déjà occupé ce poste à titre intérimaire en 2022. Sa nomination marque un recentrage du pouvoir au sein du cercle militaire proche du président Goïta. Le nouveau gouvernement, dévoilé le 21 novembre, comprend 28 membres, dont cinq militaires occupant des postes stratégiques tels que la Défense et la Sécurité. Cinq femmes, dont une militaire, participent également à cette nouvelle équipe, apportant une certaine diversité à l’exécutif.
Conséquences pour la transition et la stabilité
Ce remaniement pose plusieurs défis pour le Mali :
-
Transition prolongée et incertitudes politiques
La prolongation de la transition au-delà de mars 2024 soulève des doutes sur la volonté réelle des autorités militaires de rendre le pouvoir aux civils. La communauté internationale, déjà critique à l’égard de la gestion de la transition, pourrait renforcer la pression sur Bamako. -
Consolidation du pouvoir militaire
La nomination d’un général comme Premier ministre renforce l’emprise militaire sur les institutions de l’État. Cela pourrait éroder davantage la confiance des acteurs politiques civils et compromettre la tenue d’élections inclusives. -
Impact sur la gestion des crises nationales
En concentrant le pouvoir au sein de l’armée, le gouvernement risque de limiter la diversité des approches nécessaires pour répondre aux crises multiples auxquelles le pays est confronté, notamment les menaces sécuritaires et les défis socio-économiques.
Un avenir incertain pour le Mali
Alors que le pays lutte contre des insurgés djihadistes et des crises humanitaires, la stabilité politique demeure essentielle. Le limogeage de Choguel Maïga et la composition militarisée du nouveau gouvernement mettent en lumière la fragilité des institutions de transition. Cette situation appelle à une réflexion sur la nécessité d’un dialogue inclusif, impliquant tous les acteurs politiques et sociaux, pour garantir une sortie de crise durable.
Le remaniement du 20 novembre au Mali reflète les tensions internes au sein de la transition, tout en consolidant le contrôle militaire sur le pouvoir. Si cette évolution peut offrir une gouvernance plus centralisée à court terme, elle pose des risques importants pour l’avenir démocratique et la stabilité institutionnelle du pays. La capacité du nouveau gouvernement à instaurer un consensus national et à répondre aux défis pressants sera déterminante pour la trajectoire future du Mali.
Ci-dessous le décret présidentiel portant nomination des nouveaux membres du gouvernement du Mali
DECRET N°2024- 0658 /PT-RM DU 21 NOVEMBRE 2024 PORTANT NOMINATION DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT
LE PRESIDENT DE LA TRANSITION, CHEF DE L’ETAT,
Vu la Constitution;
Vu la Charte de la Transition;
Vu la Loi n°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la Transition:
Vu le Décret n°2024-0657/PT-RM du 21 novembre 2024 portant nomination du Premier ministre; après consultation du Premier ministre,
DECRETE:
Article 1: Sont nommés membres du Gouvernement, en qualité de:
- Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation:
Général de Division Abdoulaye MAIGA:
- Ministre de la Défense et des anciens Combattants: Général de Corps d’Armée Sadio CAMARA,
- Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux:Monsieur Mamoudou KASSOGUE,
- Ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions:
Monsieur Bakary TRAORE;
- Ministre de la Sécurité et de la Protection civile: Géné dral de Division Daoud Aly MOHAMMEDINE:
- Ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale: Général de Corps d’Armée Ismaël WAGUE,
- Ministre des Transports et des Infrastructures:
Madame DEMBELE Madina SISSOKO,
- Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale: Monsieur Abdoulaye DIOP,
- Ministre de l’Economie et des Finances:
Monsieur Alousséni SANOU:
- Ministre de l’Education nationale:
Monsieur Amadou SY SAVANE;
- Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique:
Monsieur Bouréma KANSAYE,
- Ministre des Mines:
Monsieur Amadou KEITA,
- Ministre de l’Energie et de l’Eau: Monsieur Boubacar DIANE,
- Ministre de la Santé et du Développement social: Colonel Assa Badiallo TOURE,
- Ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social: Monsieur Fassoun COULIBALY,
- Ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne:
Monsieur Abdoul Kassim Ibrahim FOMBA,
- Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine: Monsieur Mossa AG ATTAHER,
- Ministre de l’Agriculture:
Monsieur Daniel Siméon KELEMA:
- Ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle:
Madame Oumou SALL SECK:
- Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille: Madame DIARRA Djénéba SANOGO,
- Ministre de l’Industrie et du Commerce:
Monsieur Moussa Alassane DIALLO
- Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population:
Monsieur Imirane Abdoulaye TOURE,
- Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement Développement durable: et du
Madame DOUMBIA Mariam TANGARA;
- Ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’Administration:
Monsieur Alhamdou AG ILYENE;
- Ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme:
Monsieur Mamou DAFFE;
- Ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes:
Monsieur Mahamadou KONE,
- Ministre de l’Elevage et de la Pêche:
Monsieur Youba BA,
- Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Reformes politiques et du Soutien au Processus électoral:
Monsieur Mamani NASSIRE.